Spectra, la légendaire compagnie qui brasse Montréal depuis presque 40 ans, annonçait récemment la rénovation du tout aussi légendaire Métropolis, chose rendue possible par l’apport financier de Telus qui en contrepartie voyait l’illustre endroit être rebaptisé M Telus. Hauts cris, presque déchirage de chemises, Facebook s’est enflammé brièvement à propos de la nouvelle que l’endroit connu depuis 1986 sous le nom de Metropolis allait changer de patronyme. Comme on se désole que les gâteaux Vachon sont vraiment plus petits depuis que Saputo s’en occupe, c’est ben dommage, mais qu’est-ce qu’on peut faire ? La place, techniquement, ne nous appartient pas et ses propriétaires peuvent bien en faire ce qu’ils veulent.
Je trouve ça un peu plate pour eux par contre, de brader un nom qui figure depuis quelques années dans les palmarès des meilleures salles de spectacles à travers le monde pour seulement 5 millions. Je suis peut-être un peu rêveur et assurement pas un économiste, mais me semble qu’un nom comme ça, ça vaut plus que 5 millions. Parce ce n’est pas juste une marquise, c’est des affiches, de la pub sur internet, des billets, des tags sur Facebook et consorts, tout ça pour 10 ANS. 500 000 $ par année pour une pub hallucinante, partout, tout le temps. Bravo Telus, c’est ce qu’on appelle scorer.
À la décharge de ceux qui ont fait ce deal, le timing était bon, on en est rendu là dans la business. À voir les noms de la plupart des nouveaux amphithéâtres qui ont vu le jour durant la dernière décennie, M Telus c’est pas si pire. Mais juste 5 millions ? Y’avait pas moyen d’aller le chercher ailleurs ? Sans être obligé de faire ça ?
Peut-être que non. Dans notre petite bulle du merveilleux monde de la culture, on s’imagine que les choses comme la musique ont une valeur, mais la réalité en est tout autrement. Fait que, ça se peut qu’un nom comme le Metropolis, où des milliers d’artistes de renommée se sont produits devant des milliers de personnes, ne vaut aujourd’hui que 5 millions. Peut-être même que Telus a été généreux avec son offre et que devant le pactole, c’était difficile de dire non.
On ne le saura peut-être jamais. Et est-ce vraiment important ? Comme pour le reste, on va se faire à l’idée jusqu’à ce qu’on n’y pense plus et ça va finir là. Disons que ce n’était pas trop le sujet des lignes ouvertes quand la nouvelle a été annoncée. Un petit milieu a poussé son « ark » du moment, mais pour la plupart, c’est l’indifférence totale. Comme pour ben des affaires. Next!
Et si ça peut vous consoler, l’endroit existe depuis 1892 et a changé de nom et de vocation une dizaine de fois. Elle amorce une nouvelle vie, mais c’est encore une salle de spectacles. Faut voir ça comme une bonne nouvelle.