TONY ROMAN
Antoine d’Ambrosio, un petit-fils d’immigrants italiens, naît le 1er août 1942. À la fin des années 50, il se met à la musique en reprenant des tubes de rock’n’roll à la mode. Son groupe, Tony D et les Tip Tops, joue dans les salles de danse et sur les plages pendant l’été.
Au début des années 60, il s’associe avec le producteur Pierre Nolès, qui lui apprend le travail de studio. En 1964, il connaît beaucoup de succès en produisant « C’est fou, mais c’est tout » pour les Baronets, une reprise du « Hold me Tight » des Beatles. La même année, il se joint à l’étiquette Jupiter, comme arrangeur et producteur, mais son enregistrement de « Do Wah Diddy » devient accidentellement un tel succès que Roman se retrouve le chanteur de l’heure.
Début 1965, Tony Roman est la nouvelle coqueluche, et on le déclare « roi du yéyé ». Il fait l’objet d’un documentaire de Claude Fournier, « On sait où entrer, Tony, mais c’est les notes ! » Cette même année, Roman part à la conquête de New York ; à son retour à Montréal, début 1966, l’enfant prodigue est accompagné d’un groupe de musiciens américains, les Tony Roman V, et d’une jeune chanteuse du Tennessee, Nanette Workman. Il fonde le label Canusa, sur lequel il entend faire triompher la jolie Américaine avec laquelle il entretient des liens intimes. Nanette devient vite l’enfant chérie du public québécois.
Grâce aux efforts de promotion de Guy Cloutier, Canusa devient une des maisons de disques les plus en vogue du Québec : Johnny Farago, Patrick Zabé et Stéphane joignent le label. Roman mène de front sa carrière de businessman, de producteur et de chanteur. En 1967, il sort son microsillon Tony, mélange de pop chic et de rhythm’n’blues en français.
En 1968, Roman connaît des problèmes financiers. Il rompt avec Nanette et la maison Canusa prend l’eau. Cela ne l’empêche pas de faire construire un studio d’enregistrement sur la rue Rouville, dans lequel il fonde de grands espoirs. Devenu une sorte de playboy psychédélique, Roman, dont les ambitions et le train de vie paraissent excessifs dans le petit show-business québécois, ne fait pas l’unanimité.
En 1968, Tony et Nanette enregistrent l’émission de télé Fleurs d’amour, Fleurs d’amitié, sur le site de Terre des Hommes. Cet épisode permet à Tony Roman de fréquenter une nouvelle génération de chanteurs québécois, plus rock et plus politisés : Pagliaro, les Sinners et la Révolution française.
En 1969, la page Canusa est définitivement tournée et Tony Roman lance la maison de disques Révolution : le label connaît cette année-là un immense succès avec « Québécois », du groupe la Révolution française.
À l’orée des années 70, une nouvelle génération de chanteurs et de producteurs apparaît et l’industrie tourne le dos à Tony Roman et son studio. Mais il saura se réinventer et se placer de nouveau à l’avant-garde de la musique au Canada, en étant notamment un des premiers producteurs de punk.
Tony Roman est décédé en 2007.
