Y’a des anniversaires qu’on ne voit pas venir. Celui de La Gâchette est annoncé en toute lettre sur son plus récent album « 20 ans d’insoumission » mais on a peine à y croire. Pourtant. Avec son premier album en 1999, et les suivants à un rythme régulier d’à peu près aux 3 ans, La Gâchette a fait son chemin et chaque album, split ou participation à des compilations, sont des pierres blanches qui ont mené à cet album. Une route de travers, avec des détours imprévus ou voulus, dans une tangente du rock qui a perdu un peu de sa superbe de ce côté-ci de l’Atlantique mais qui demeure en Europe une valeur sûre avec un public toujours enthousiaste de l’accueillir. Pourtant. Même si son identité et son passé en sont garants, la musique a quant à elle évoluée au-delà des étiquettes Oï, Street-Punk ou punk français qui suivent le groupe depuis ses débuts. Le propos demeure engagé, enragé même, la sensibilité des protagonistes étant demeurée intacte malgré les années (et cette damnée maturité qui vient avec) et c’est avec la pédale au plancher que La Gâchette poursuit sa route.
Entrevue avec Érik Gachette, membre original de la formation, chanteur-guitariste et parolier.
Encore fâché?
« Ha ha. Rien n’a changé, c’est toujours la même affaire. Ce qui me fâchait il y a 20 ans me fâche encore. Je suis peut-être un peu moins radical dans mes textes mais j’ai toujours les mêmes revendications. Les sujets évoluent mais pas tant que ça. J’approche la quarantaine, c’est sûr que ma réalité change, mais ce qui me met en tabarnak, c’est avec la même force qu’une claque dans face, je suis toujours indigné et ça parait dans les paroles.»
Encore indépendant?
« Toujours. Sauf que là on a décidé de laisser un label s’occuper du vinyle, un label du nord de la France, Ronce Records. Pour « Dans ta face » c’est nous qui avait financé ça, on a quasiment perdu notre pantalon. On vient juste de rentrer dans notre argent, on a pu les moyens d’investir à ce point-là. Les vinyles c’est rendu super-cher et tu peux juste les vendre en show ou presque. On a fait affaire avec quelques bookers pour les shows, comme la tournée en Russie, mais on fait encore la majeure partie nous-même. Surtout au Québec. Mais c’est dur. C’est petit le Québec et dès qu’il y a quelque chose de gros, ça tue le reste, le monde vont mettre leur argent pour des gros festivals et les petits shows sont pas évident à booker. On attend encore une invitation pour le Rockfest mais sinon on est encore indépendants, on fait notre propre affaire, en marge. »
Encore le goût?
« Oui. C’est clairement pas pour l’argent qu’on le fait, astheure on arrive kif-kif pour les tournées, ça paye les billets d’avions mais on est pas riches. C’est sur que la scène ici n’est plus ce qu’elle était, y’a pas beaucoup de relève dans le public, contrairement à l’Europe où les parents amènent leurs enfants dans les shows et que tu sens que ça se renouvelle. Mais qu’est-ce tu veux, c’est de même et on s’arrange avec ça. On le fait parce qu’on aime ça, ça nous fait voyager et on revoit nos amis, notre communauté. C’est le fun de se retrouver avec du monde qui partage les mêmes valeurs que toi, ce qui n’est pas tout le temps le cas dans la vie de tous les jours. On est chanceux d’avoir ce monde-là qui nous suit et c’est une motivation pour continuer mais à la base, c’est parce qu’on aime faire de la musique comme ça qu’on est encore là. »
20 ans d’insoumission en vente maintenant, lancement le 28 avril aux Katacombes (20h – $5)