
Brian Wilson : Pet Sounds 50th anniversary tour.
Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts.
Contrairement à une certaine époque, je me tête moins de billets de shows, surtout quand ce n’est pas dans mon domaine de prédilection habituel. J’ai bien essayé avec Leo, qui m’avait dit qu’il avait des billets pour pas mal de shows du Festival de Jazz, mais Brian Wilson était dans la liste noire et il n’y avait pas de billets pour ça. Pas grave, je n’allais pas regretter de ne pas être allé à ce show parce que je trouvais les billets à 100 $ trop cher, même si. Donc achat, date avec ma douce, yeah.
Je suis fan des Beach Boys, mais surtout de Brian Wilson, depuis aussi longtemps que je peux me souvenir. Comme les Beatles. Je spécifie Brian Wilson parce que même si j’apprécie le classique Beach Boys (I get around et autres), ma préférence va aux morceaux typiquement Wilsonesque comme In my room, God only knows, Wouldn ’ it be nice et Good Vibrations. Et comme je connais un peu trop l’histoire du band, j’ai développé un mépris de Mike Love qui explique aussi mon malaise avec certaines chansons et ma haine de Kokomo. Bref. Ça explique aussi pourquoi j’ai hésité et finalement choké quand la parodie du band mené par Mike Love, mais cette fois avec quelques membres originaux, dont Wilson, s’est arrêtée à Montréal en 2012. Certains ont grandement apprécié, mais d’autres ont eu une impression de Vegas cheap, avec Wilson un peu incongru au sein des chemises hawaiiennes. Ça me consolait un peu. Et en 2008, j’avais passé mon tour pour cause de pauvreté la tournée Smile, encensée par tous, et je m’en suis mordu les doigts, même si. Presqu’autant que d’avoir manqué le dernier passage de Joe Strummer à Montréal, dont le décès peu après a rendu ce spectacle rétrospectivement un must mais des fois, on préfère rester à la maison.
C’est un peu dans cet esprit que je tenais à voir ce show. À 74 ans, et avec la vie qu’il a eu, on peut présumer que cette tournée est probablement une des dernières, et à le voir sur scène ce soir-là, ça nous le confirme. Mais malgré qu’il ne soit pas au top de sa forme, le band qui l’accompagne compense amplement et les chansons sont servies sur un plateau d’argent au public composé tant de têtes plus ou moins grises que de leurs cadets, avec en égale proportion de fans des Beach Boys qui espèrent les classiques que des mélomanes venus écouter les compositions de Wilson sans le fla fla qui caractérise les pièces emblématiques du groupe californien. Prenant fait de cette réalité, Brian Wilson a choisi d’encadrer les pièces de Pet Sounds de quelques favorites du public, débutant avec Heroes and Villains, question de nous mettre tout de suite dans l’esprit de la soirée, poursuivant avec quelques hits du répertoire, avant d’enfin aborder le plat principal, le fameux Pet Sounds. Ô grâce, ce fut un moment fort de ma vie de fan de musique. Si Brian Wilson n’a visiblement plus les moyens de rendre cette musique de la façon qu’elle fut capturée sur album il y a 50 ans, son band et en particulier Matt Jardine (fils de Al Jardine) superbe chanteur qui interpréta tous les morceaux où la fameuse voix de tête était nécessaire, avec une aisance qui portera l’ensemble du spectacle. Et que dire des harmonies de tous. Merveilleux. Simplement.
Après ce moment magique, Brian Wilson et ses musiciens iront de nouveau puiser certaines des chansons les plus populaires du répertoire des Beach Boys, avec une pièce de son premier album solo pour faire bonne mesure. Et hormis cette pièce, j’aurais préféré que le spectacle s’arrête à Caroline no, l’état de grâce s’évanouissant vite sous le rythme de Barbara Ann. Mais bref, 37 minutes c’est court pour un concert et ces ajouts étaient nécessaires. N’empêche que le babouneux en moi ne pouvait faire abstraction du fait qu’entre Pet Sounds et le reste de l’œuvre, il y a un gouffre que seule la présence de Wilson peut combler.
Ce fut quand même un des meilleurs spectacles que j’ai vus dans ma vie et je ne regrette aucunement le prix j’ai du payer pour y assister. J’aurais préféré un Brian Wilson plus en forme et surtout plus en voix, mais d’être en sa présence et d’entendre ces chansons rendues le plus fidèlement possible aux originales, c’était un privilège et un bonheur qui ne reviendra jamais. Mais le fan de musique est resté un peu sur sa faim et aurait préféré encore plus de moments à la Pet Sounds/Smile et moins de plaiseurs de foule, et idéalement, aucun Blondie Chaplin. Une autre fois peut-être, God only knows…

Patrice Caron
Surfer boy